samedi 15 février 2020

Chronologie biblique des 6000 ans et la fin des temps

Cette typologie a-t-elle sa source dans les Écritures ?

 

Au soir du sixième jour ou à l'aube du septième jour ?

 

Josué 6:15-16,20 (Prise de Jéricho, le septième jour, dès l'aurore)

15 Le septième jour, ils se levèrent de bon matin, dès l'aurore, et ils firent de la même manière sept fois le tour de la ville; ce fut le seul jour où ils firent sept fois le tour de la ville.
16 A la septième fois, comme les sacrificateurs sonnaient des trompettes, Josué dit au peuple: Poussez des cris, car l’Éternel vous a livré la ville !
...
20 Le peuple poussa des cris, et les sacrificateurs sonnèrent des trompettes [chofar]. Lorsque le peuple entendit le son de la trompette [chofar], il poussa de grands [gadol] cris [terouah*], et la muraille s'écroula; le peuple monta dans la ville, chacun devant soi. Ils s'emparèrent de la ville,

(*) Terouah, annonce en Lévitique 23:24 "la sainte convocation du septième mois, le premier jour du mois" et en Lévitique 25:9-10 "l'année du jubilé, le dixième jour du septième mois" ;
ici, le "terouah" annonce la fin "d'un ancien monde", idolâtre cf. Genèse 15:16.


Un parallélisme étonnant, Babylone la grande(1) ?

 

Apocalypse 18:1-4 (Elle est tombée, Babylone la grande !)

1 Après cela, je vis descendre du ciel un autre ange, qui avait une grande autorité; et la terre fut éclairée de sa gloire.
2 Il cria d'une voix forte, disant: Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande!
Elle est devenue une habitation de démons, un repaire de tout esprit impur, un repaire de tout oiseau impur et odieux,
3 parce que toutes les nations ont bu du vin de la fureur de sa débauche, que les rois de la terre se sont livrés avec elle à la débauche, et que les marchands de la terre se sont enrichis par la puissance de son luxe.
4 Et j'entendis du ciel une autre voix qui disait: Sortez du milieu d'elle, mon peuple, afin que vous ne participiez point à ses péchés, et que vous n'ayez point de part à ses fléaux.

- L'analogie entre ces deux textes :
Josué (Yéhoshoua), type de Jésus (Yéshoua) dont il porte le même Nom, fait entrer son peuple dans la terre promise.
En première lecture, on pourrait y trouver des différences flagrantes, ici, le peuple de Dieu s'en empare et là, il en sort ;
Cependant le livre de Josué semble décrire la même intention que l'on retrouvera en Apocalypse 18 et suivants, à savoir la destruction de ce qui s'oppose à Dieu et la sortie du peuple de Dieu pour "l'Entrée dans la Terre Promise".
Josué 6:17, 22-24 
"17 La ville sera dévouée à l’Éternel par interdit, elle et tout ce qui s'y trouve;
mais on laissera la vie à Rahab la prostituée et à tous ceux qui seront avec elle dans la maison,
parce qu'elle a caché les messagers que nous avions envoyés.
22 ... et faites-en sortir cette femme et tous ceux qui lui appartiennent,
comme vous le lui avez juré.
24 Ils brûlèrent la ville et tout ce qui s'y trouvait ; ..."

Regardons si le moment de la chute de Jéricho peut éclairer celui de la chute de Babylone la Grande, cette dernière annonçant la Parousie ou Avènement du Messie en Gloire.

L'hypothèse de l’exégèse des 6000 ans. 

 

Tout d'abord, les Écritures ne parlent jamais de la durée de ce monde, et on y trouve nulle part "6000 ans" ou "7000 ans". On y trouve l'idée d'une fin et Mt 24:3 parle de "l’achèvement de l’ère", traduction Chouraqui du grec 'sunteleia aion' (et pas kosmos comme en Mt 24:21).
Voir comparateur Mt 24:3.
Déjà un indice, les Écritures parlent d'une fin de ce temps, et non pas de la création.

Dans les siècles avant l'ère chrétienne et les premiers de celle-ci, l'idée des "6000 ans" a fait progressivement son chemin et sera reprise et développée par Irénée de Lyon (v. 130-202), à la suite de l'épître de Barnabé (voir encadré, ci-dessous).
Les "sept mille ans" auraient des origines dans le millénarisme syrien, mais aussi dans les doctrines païennes comme celle des mages hellénisés, basées sur des calculs astrologiques d’une semaine cosmique de sept millénaires représentant les sept planètes ou astres errants, (tiré du livre (2) pages 41-42 et exposé dans la thèse de C. Pasquier(3) pages 43,147).

Mais avant d'aller plus loin, signalons que la résurrection du Christ a eu lieu après la fin de la semaine à l'aube du premier jour (ou le soir du septième jour selon l'interprétation de quelques-uns, contre la tradition, c'est à dire à la fin du shabbat). C'est pourquoi la tradition parle de huitième jour.

Alors parler de "première résurrection" après le sixième jour ou à l'aube du septième, comme le fait l'interprétation millénariste, cela est en contradiction avec la résurrection du Christ prémices de ceux qui sont morts 1 Co 15:20. La réponse habituelle est "chacun en son rang" 1 Co 15:23-24, donc une première résurrection pour "ceux qui appartiennent à Christ", au soir du 6e jour (ou du matin du 7e jour), et une deuxième pour les autres au 8e jour. Est-ce satisfaisant ?

De ce fait, cet article pourrait se terminer ici. La typologie issue des Écritures donnerait une fin après le septième jour et non après le sixième.
Mais continuons avec cette hypothèse de la durée des 6000 ans défendue par Irénée et qui avaient cours dans les premiers siècles. D'autres indices dans les Écritures iront dans ce sens là, comme nous l'avons déjà envisagé avec Josué 6:15, la chute de Jéricho à l'aube du septième jour.

Irénée de Lyon et les 6000 ans.


- Cette exégèse n'est pas nouvelle, déjà Irénée de Lyon (v. 130-202) en parlait dans Hérésies Liv.5 ch.28 et 36 :
528 3 Car autant de jours a comporté la création du monde, autant de millénaires comprendra sa durée totale. C'est pourquoi le livre de la Genèse dit: "Ainsi furent achevés le ciel et la terre et toute leur parure. Dieu acheva le sixième jour les œuvres qu'il fit, et Dieu se reposa le septième jour de toutes les œuvres qu'il avait faites Gn 2:1-2"
 Ceci est à la fois un récit du passé, tel qu'il se déroula, et une prophétie de l'avenir : en effet, si "un jour du Seigneur est comme mille ans 2 Pi 3:8" et si la création a été achevée en six jours, il est clair que la consommation des choses aura lieu la six millième année.
...
536  3 C'est ce qu'on trouve déjà dans le livre de la Genèse, d'après lequel la consommation de ce siècle aura lieu le sixième jour Gn 1:31-2:1, c'est-à-dire la six millième année; puis ce sera le septième jour, jour du repos, au sujet duquel David dit: "C'est là mon repos, les justes y entreront Ps 132:14 Ps 118:20": ce septième jour est le septième millénaire Ap 20:4-6, celui du royaume des justes, dans lequel ils s'exerceront à l'incorruptibilité, après qu'aura été renouvelée la création pour ceux qui auront été gardés dans ce but.

Millénarisme* / Millénium(3)
 La plupart de ceux qui adhèrent à la typologie des 6000 ans, sont aussi millénaristes c'est à dire attendent une période de 1000 ans après la Venue en Gloire du Messie, (cf.Apocalypse 20:1-10) ; ce qu'Irénée appelle le "royaume des justes" et une seule fois "le septième millénaire" (voir ci-dessus), où règne le Christ en "Roi juste" (V,34,4 cf. Isaïe 32:1), (sans mention de règne terrestre du Christ).

Dans l'épître de Barnabé composée entre 70 et 132 (donc avant Irénée), on trouve énoncée cette théorie, au chapitre 15 "Le Sabbat de Dieu" :
XV. Il est également question du sabbat dans l’Écriture, dans les dix paroles que Dieu prononça face à face devant Moïse sur le mont Sinaï : « Sanctifiez le sabbat du Seigneur avec des mains pures et un cœur pur. » [2] Puis dans cet autre endroit : « Si mes fils gardent le sabbat, je répandrai ma miséricorde sur eux. » [3] Le sabbat est mentionné dès le commencement de la création : « Dieu fit en six jours les œuvres de ses mains ; il les eut achevées le septième jour ; il se reposa ce jour-là et le sanctifia. » [4] Faites attention, mes enfants, à ces paroles : « Dieu accomplit son œuvre en six jours » ; cela signifie que Dieu en six mille ans amènera toutes choses à leur fin, car pour lui un jour signifie mille années, ainsi qu’il me l’atteste lui-même : « Voici, un jour du Seigneur sera comme mille ans. » Donc, mes enfants, en six jours, c’est-à-dire en six mille ans, l’univers sera consommé. [5] « Et il se reposa le septième jour, » a la signification suivante : Quand son Fils sera venu mettre fin au délai accordé aux pécheurs, juger les impies, transformer le soleil, la lune et les étoiles, alors il se reposera glorieusement le septième jour. [6] Mais il est encore dit : « Vous le sanctifierez avec des mains pures et un cœur pur. » S’il y avait aujourd’hui un homme au cœur pur capable de sanctifier le jour que Dieu a rendu saint, nous nous serions complètement trompés. [7] Mais remarquez que nous ne prendrons de repos avec honneur et que nous ne sanctifierons le sabbat, que lorsque nous en aurons été rendus capables, par notre justification personnelle, par notre mise en possession de la promesse, après la destruction de toute iniquité, et la rénovation de toutes choses par le Seigneur. Nous serons alors en état de le sanctifier, nous-mêmes ayant été sanctifiés d’abord. [8] Enfin il dit encore aux Juifs : « Je ne supporte pas vos néoménies et vos sabbats. » Voyez bien ce qu’il veut dire : Ce ne sont point les sabbats actuels qui me plaisent, mais celui que j’ai fait et dans lequel, mettant fin à l’univers, j’inaugurerai le huitième jour, c’est-à-dire un autre monde. [9] C’est pourquoi nous célébrons avec joie le huitième jour, où Jésus est ressuscité et où, après s’être manifesté, il est monté aux cieux. 
Notes :
- L'auteur ne parle pas d'une durée de mille ans pour le septième jour.
- Au chapitre suivant (XVI), l'auteur parle du temple de Jérusalem, refuse sa reconstruction et exhorte à rechercher un temple de Dieu, le temple spirituel.
Sources en ligne :
Épître catholique, traduction par de Genoude, 1837
Épître de Barnabé, traduction par Hippolyte Hemmer, Gabriel Oger et A. Laurent, 1907
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Nota : Augustin, bien qu'ayant abandonné l'interprétation millénariste des "mille ans" (en sabbat de 1000 ans)(4), continue à faire référence aux six mille ans de la création de l'homme, dans la Cité de Dieu,
    -- Livre XII, Chapitre XII :
"A l'égard de ceux qui demandent pourquoi l'homme n'a point été créé pendant les temps infinis qui ont précédé sa création et pour quelle raison Dieu a attendu si tard que selon l'Écriture, le genre humain ne compte pas encore six mille ans d'existence,..."
    -- Livre XVIII, Chapitre XL :
"C'est donc en vain que certains discoureurs enflés d'une sotte présomption disent qu'il y a plus de cent mille ans que l'astrologie est connue en Égypte. Et de quel livre ont-ils tiré ce grand nombre d'années, eux qui n'ont appris à lire de leur Isis il n'y a guère plus de deux mille ans ?
Au moins Varron, dont l'autorité n'est pas peu considérable, l'assure ainsi; et cela s'accorde assez bien avec l’Écriture sainte. 

Dès-lors qu'on ne compte pas encore six mille ans depuis la création du premier homme ceux qui avancent des choses si contraires à une vérité si certaine ne méritent-ils pas plutôt d'être moqués que réfutés ?"
    -- Cependant, il parle d'âges se référant à des générations (non à des millénaires), au livre XXII, chapitre XXX :
"Ce sabbat paraîtra encore plus clairement si l'on compte les âges selon l’Écriture comme autant de jours, puisque ce sabbat se trouve justement le septième... 
Voilà donc déjà cinq âges. Le sixième s'écoule à présent et ne doit être mesuré par aucun nombre certain de générations à cause de cette parole du Sauveur « Ce n'est pas à vous de connaître les temps dont « mon père s'est réservé la disposition (Actes 1:7)."
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 - A l'encontre du millénarisme* :
1) Une lecture  cyclique et non chronologique de l'Apocalypse, avec notion de "récapitulation".
2) Dans les Écritures "mille" est le nombre symbolique de la bénédiction divine :
Deutéronome 1:11 Que l’Éternel, le Dieu de vos pères, vous augmente mille fois autant, et qu'il vous bénisse comme il vous l'a promis !
Deutéronome 5:10 et qui fais miséricorde jusqu'en mille générations à ceux qui m'aiment et qui gardent mes commandements. 
Psaumes 105:8 Il se rappelle à toujours son alliance, Ses promesses pour mille générations,
 voir aussi pour l'usage de ce nombre : Ct 4:4; 8:11-12; Dn 5:1; Ps 84:10;90:4;91:7
3) Augustin, note que Genèse 2:1-3, ne mentionne pas la "fin" du septième jour; 
    -- de cela, il déduit et écrit dans la Cité de Dieu, Livre XX, Chapitre VII :
"et qui sera suivi d'un sabbat qui n'a point de soir je veux dire du repos des saints qui ne finira point"
    -- et au livre XXII, chapitre XXX :
"Cependant cette septième époque sera notre sabbat, qui n'aura point de soir, mais que doit terminer un dimanche éternel, consacré par la résurrection du Christ et figurant l'éternel repos, non-seulement de l'esprit, mais du corps."
4)  Aucune trace de millénarisme chez Clément de Rome, Ignace, Polycarpe ni même dans la Didachè (Livre "L'histoire du Salut chez les Pères de l’Église" Ed Beauchesne p 83).
5) La typologie de la résurrection du Christ, après la semaine ou shabbat.

Nota :
Aucun de ces arguments ne semblent décisifs :
- Le premier étant un choix d'exégèse, conduisant à l'interprétation.
- Le deuxième "mille symbolique", peut tout aussi bien (et même mieux) décrire la période de bénédictions après la Venue en Gloire du Messie.
- Le troisième "un sabbat, qui n'aura point de soir", ces "mille ans" étant un prélude à l'entrée dans l’Éternité, la mention d'un soir est-elle nécessaire ?
- Le quatrième, ces auteurs ont-ils vraiment eu l'occasion d'aborder ce point dans leurs écrits ?
- Le cinquième sera abordé plus loin avec la transfiguration et "six jours après".

 - En faveur du millénarisme* :
1) Une lecture linéaire (suivie) des chapitres 19 à 22 de l'Apocalypse,
et parallèle aux chapitres 37 à 48 d'Ézéchiel.
2) La tradition juive présente un temps intermédiaire, entre le présent et le futur règne éternel.
Réalisation de prophéties non accomplies (Ésaïe 11:9 Za 14:9 etc.).
3) Le témoignage d'une toute première chaîne de témoins (les premiers pères de l’Église), Papias, Justin, Irénée, Tertullien, Hipollyte, Victorin de Pettau et plus récemment un savant et théologien Isaac Newton.
4) Les autres interprétations d'Apocalypse 20, ne sont pas vraiment convaincantes :
 - deux guerres mondiales, la Shoah, la persécution des chrétiens : Satan est-il lié ? Ap 20:2-3;
(1Jn 5:19; 1Pi 5:8-9; Ja 4:7; Ap 2:10; Eph 6:11; 1 Ti 3:6,7; 2 Ti 2:26).
 - les "mille ans" assimilés à l’Église (les nations d'Ap 20:3) avec "les trônes (Ap 20:4) sont ceux des chefs qui gouvernent l’Église" (Augustin Cité de Dieu, livre XX), ou encore à la chrétienté après Constantin ou la chute de Rome, est une lecture peu naturelle qui semble s'éloigner du texte.
Dans ce cas, pourquoi ne pas parler simplement de l'intrusion du Royaume de Dieu dans ce monde, depuis la Pentecôte ou la glorification du Fils Mt 28:18 ?

Pour aller plus loin, Saint Jean : l'Apocalypse 1921 par E.B. Allo (1873-1945) pages 292-302
EXC. XXXVII. - LE MILLENIUM JUIF ET JUDEO-CHRETIEN ET CELUI DE l'APOCALYPSE.

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(*) Millénarisme : doctrine définissant le Millénium comme "Royaume de Dieu sur terre" où règnera la Paix et la Justice, après la Venue en Gloire du Messie accomplissant les Écritures (interprétation appelée pré-millénarisme).

- Attention  à l'idée de "règne terrestre du Messie" souvent utilisée pour décrire le "millénarisme" !
Cette expression est ambigüe, la première venue était en serviteur souffrant accomplissant la rédemption (Phil 2:5-8), mais la seconde Venue est Glorieuse, Luc 23.42; Mt 24:27,30; Luc 17:24; Za 12:10; Jn 19:37; Ap 1:7; Eph 2:20-22; Colossiens 1:15-17; Ps 2:7-8; Ap 11:15.

- La Bible ne parle pas de "RETOUR", mais de "VENUE", même si certaines versions traduisent le verbe grec 'erchomai' "venir", par "reviendra" (Comparateur Ac.1:11) (futur, conforme au grec).
C'est bien le même Christ Ac 3:20-21 He 9:28 mais glorifié et "investi de l’autorité royale" Luc 19:15; Mt 28:18; Jn 17:5; Phil 2:9-11 !
L'unique exception "Je reviens" (NBS) Jn 14:3 est au présent, grec "Je viens de nouveau [palin erchomai]".
C'est seulement dans la parabole des mines que l'on trouve la notion de "retour", "et revenir [hupostrepho]" Luc 19:12, "Lorsqu’il fut de retour [epanerchomai]" Luc 19:15, mais pas dans la parabole des talents "vient [erchomai]" (DRB) Mt 25.19.

- Les mots utilisés pour la VENUE GLORIEUSE sont : "parousia" (présence, avènement), "epiphaneia" (apparition), "apokalupsis" (révélation, manifestation).
 

La typologie dans le livre de Josué "le septième jour, dès l'aurore"


- Pour ceux qui adhèrent à cette exégèse "un jour est comme mille ans" 2 Pi 3:8, l'Entrée en Terre Promise, selon la typologie dans le livre de Josué, n'est pas au soir du 6e millénaire (comme semble le dire aussi Irénée), mais à l'aube du 7e millénaire ;

"L'aube" à l'échelle d'un millénaire (le 7e), est une période ou fenêtre suffisamment large, pour ne pas annoncer de dates Mt 24:36 !

Hébreux 11:30
C'est par la foi que les murailles de Jéricho tombèrent, après qu'on en eut fait le tour pendant sept jours. 

La Transfiguration et l'expression "Six jours après".


- Dans le même ordre d'idées, le N.T. situe la Transfiguration "Six jours après" Mt  17:1; Mc 9:2, "Environ huit jours"  Lc 9:28.
Un parallèle peut être effectué avec la révélation de Dieu sur le mont Sinaï.
Les six jours rappellent Exode 24:16 lorsque Dieu parle à Moïse, sur la montagne.
La transfiguration de Jésus rappelle celle du visage de Moïse après qu'il ait été dans la présence de Dieu Exode 34:29

Luc 9:30-31
30 Et voici, deux hommes s'entretenaient avec lui: c'étaient Moïse et Elie
31 qui, apparaissant dans la gloire, parlaient de son départ [exodos]* qu'il allait accomplir à Jérusalem.
(*) exodos : En He 11:22 la sortie d'Egypte et en 2 Pi 1:15 la mort (sortie de cette vie).
Ici, en Luc 9:31, la sortie du Christ, c'est à dire sa mort/résurrection/ascension, inaugurant le nouvel exode.

De cela, on peut déduire que la Transfiguration préfigure la résurrection et l'ère nouvelle.
Celles-ci n'auraient donc lieu qu'après 6000 ans révolus ("Six jours après", selon cette typologie).

Cette lecture est confirmée par Hilaire de Poitiers, commentaire sur Matthieu Tome II (SC 258).
Pour Mt 17:1-2 on peut lire :
"Six jours après, Pierre, Jacques et Jean sont pris à part et font halte sur une haute montagne. Sous leurs regards le Seigneur est transfiguré et resplendit de toute sa tenue de gloire. Et même dans une scène de ce genre il y a un plan, une façon de compter, une leçon qui sont objet d'attention. C'est après un délai de six jours que le Seigneur se montre dans sa tenue de gloire : ainsi est préfiguré l'honneur du Royaume des cieux, lorsque se sera déroulée une durée de six mille ans."

Le troisième jour.


Osée 6:2
Il nous rendra la vie dans deux jours;
Le troisième jour il nous relèvera, Et nous vivrons devant lui. 

"Le troisième jour" est une expression biblique qui annonce le relèvement Mt 16:21; Luc 9:22; 1 Co 15:4, ou théophanie Exode 19:11,16, ou accomplissement Jean 2:1 (NBS, TOB Jean 2.1), mais là aussi, il est hypothétique d'en faire une indication chronologique (du genre an 30 + 2 jours de 1000 ans)...


Alors, que peut-on déduire de ces exégèses incertaines ?


Si l'année où Jésus-Christ est mort/ressuscité, est bien l'an 30, son ministère et "jubilé de grâce" (Luc 4:19; Isaïe 61:2) aurait commencé en 27 de notre ère.

Quand se terminent les "6000 ans" ?
Le 7e millénaire commencerait alors aux environs de 2027* (an 27 + 40 jubilés).
(*) 2027 ou 2030, hypothèse, affirmation de certains de "ces exégètes", (ou encore 2026 à 2033).

Nota :
Depuis l'annonce de "la fin des 6000 ans", pour l'an 500, puis l'an 800,  
elle n'impactait plus un futur proche.

La naissance du Christ a été successivement placée,
par Jules l'Africain, Hippolyte  en 5500
et Jérôme à la suite d'Eusèbe de Césarée en 5199,
puis Bède le Vénérable à partir des calculs de Denys le Petit en 3952,  
et  l'Évêque Ussher dans sa chronologie en 4004.

Concernant la Chronologie de la Bible, il n'y a aucune certitude pour l'interprétation et calcul des six mille ans ; est-elle représentative de l'histoire des hommes ?
Dictionnaire chronologie de l'Ancien Testament. ou
Chronologie de l’Ancien Testament Dictionnaire Biblique Westphal
Chronologie du Nouveau Testament Dictionnaire Biblique Westphal

Voici ce qu'écrit Matthieu Richelle :
 --- dans son livre "Comprendre Genèse 1-11 Aujourd'hui", pages 165-166 :
"Comment faut-il comprendre les très longues durées de vie attribuées aux hommes des généalogies en Genèse 5 et 11 ? Ce qui donne lieu à trois sous-questions :
 1.Est-il légitime, dans la logique du texte, d'additionner les nombres donnés pour remonter à la date de la Création (ce qui donne le nombre bien connu de 4004 av. J-C) ?
 2. L'auteur voulait-ils qu'on y lise des âges réels d'individus ?
 3. Si ce n'est pas le cas, que signifient ces grands nombres ?
Ce problème a sollicité la sagacité des exégètes depuis l'Antiquité ; à l'heure actuelle, on en sait assez pour répondre respectivement au trois questions précédentes :
 1. "Non"
 2. "C'est peu probable"
 3. "On ne sait pas exactement, mais on entrevoit l'existence d'un système de calcul sous-jacent.""
 --- dans le livre "Adam qui es-tu ?" page 63 :
"En ce qui concerne la place d'Adam dans l'histoire, le texte ne donne aucune prise à une reconstruction  chronologique : les généalogies de Genèse 5 et 11 sont délibérément incomplètes et les nombres qu'elles contiennent ne sont pas faits pour être pris au pied de la lettre."

Remarque : Ceux qui étudient la chronologie biblique des 6000 ans, sont conscients que les Écritures saintes ne sont pas un livre scientifique, mais justement parce que révélé, ils y cherchent  le dévoilement connecté au verset 2 Pierre 3:8 interprété de façon millénariste comme Irénée de Lyon, "devant le Seigneur un jour est comme mille ans, et mille ans comme un jour".
C'est bien "devant le Seigneur" que cette étude est menée, mais est-elle juste pour autant ?
Force est de constater, au vu du nombre de résultats différents obtenu pour la chronologie biblique (si cela a du sens), l'exercice est difficile.
Certains focalisent sur la fin des temps et tenant mieux compte des cent vingt Jubilés (120*50=6000), espèrent s'approcher du "temps marqué" de l'histoire biblique, resté caché jusqu'à ce jour.


Ces dates font dire à certains dispensationalistes, que l'enlèvement est très proche (7 ans avant la Venue du Messie en Gloire, selon la théorie de la semaine de Daniel).

Si les expressions "à l'aube du 7e jour", "six  jours après",  participent à la typologie des 6000 ans, alors la résurrection ne peut avoir lieu avant l'échéance des 6000 ans.
Ceux-là mêmes qui s’appuient sur ce calendrier pour annoncer la résurrection(5)/enlèvement avant le terme des 6000 ans, n'ajoutent-ils pas, au regard des Écritures, à l'incohérence de la doctrine du "dispenstionalisme" ?

A cet effet, rappelons un des passages bibliques utilisé au sujet de "l'enlèvement secret", doctrine née avec le dispensationalisme* (on n'en avait jamais parlé avant 1830) :
1 Thessaloniciens 4:16-18
- les morts en Christ ressusciteront premièrement.
- Ensuite, nous les vivants, qui serons restés, nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des nuées, à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur.

 (*) doctrine très discutée et discutable, qui nécessiterait un long développement, mais là n'est pas l'objet premier de cet article, dont le sujet est plutôt "est-ce en ce temps-ci" Actes 1:6-7).


Que peut-on conclure ?


Des Écritures, deux typologies semblent se dégager :
- la fin du 6e jour ou l'aube du 7e jour, cf. la chute de Jéricho Jos 6:15 et la transfiguration Mc 9:2.
- la résurrection du Christ le 8e jour, après la semaine ou shabbat, cf. Mt 28:1.

La première correspondrait  à "la Fin de ce temps", à "la Venue en Gloire du Messie", et à l'établissement du "Royaume des justes".
La deuxième correspondrait à "la félicité éternelle".

L'exégèse des 6000 ans est loin de faire l'unanimité des croyants.
Elle est souvent assimilée au millénarisme mais pas toujours, (voir Augustin dans encadré plus haut et Hilaire de Poitiers dans son commentaire de Matthieu) et est rejetée de beaucoup ou ignorée.

En effet, des questions centrales restent ouvertes :
. Y-a-il vraiment un lien entre temps supposé de l'histoire biblique des "6000 ans", et celui de la création du monde "6 jours" ?  Le texte Mt 24:3 parle de fin du 'aion' et Mt 24:21 de commencement du 'kosmos'.
. Comment ne pas s'interroger sur le fait que le millénarisme outrepasse la typologie du jour de la résurrection du Christ ?

L'interprétation exposée "à l'aube du 7e jour" Jos 6:15 et "6 jours après" Mc 9:2 cohérente avec la typologie des "6000 ans" (si on la présuppose), élargit la fenêtre du possible moment de la fin et respecte mieux Mt 24:36.

Par ailleurs, cette typologie des 6000 ans, ne peut être comprise isolément, et c'est bien l'ensemble des Écritures qui est en mesure d'éclairer notre foi et espérance concernant la "Fin des Temps", exemple : 1 Thes 5:1-5; 2 Thes 2:1-14 etc.

Cet article a pour objet de prévenir les fausses annonces de dates d'Enlèvement de l’Église ou de Venue du Messie dans la Gloire, qui troublent le Corps de Christ.

J'espère qu'il contribuera à garder une saine Espérance et à continuer de répondre à l'appel du Seigneur, à travailler à sa vigne Mt 20:1-16.

Nous ne sommes plus au temps d'Irénée, et si ses vues sont véridiques, alors la saison [kairos] approche Ac 3:19-21 ...


Celui qui atteste ces choses dit: Oui, je viens bientôt.
Amen! Viens, Seigneur Jésus !
Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous !
Apocalypse 22:20-21 

Et ce chant qui semble s'inscrire dans l'histoire des six milles ans,
Il est né le divin enfant
 Depuis plus de quatre mille ans,
Nous le promettaient les prophètes
Depuis plus de quatre mille ans,
Nous attendions cet heureux temps.



(1) Babylone de la fin des temps (Apocalypse) - Que représente-t-elle ? 
(2) Livre "L'histoire du Salut chez les Pères de l’Église - La doctrine des âges du monde"
      par Auguste Luneau, Ed Beauchesne
(3) Approches du millénium - Une christologie de l’histoire - Thèse de Cyril Pasquier.
(4) La typologie du sabbat chez saint Augustin - son interprétation millénariste entre 389 et 400.
(5) Ressuscités avec le Christ et résurrection de la chair, "Le temps de la résurrection".

- Autre livre non cité directement :
"Aux portes de la gloire - Analyse théologique du millénarisme de saint Irénée de Lyon" par Cyril Pasquier.


Publié en septembre 2019, dernière mise à jour février 2020.

- Autre article, même sujet : Mille, 6000 ans et Millénium (Ap 20)


 

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Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste en vie éternelle, et que le Fils de l'homme vous donnera ; car c'est lui que le Père, Dieu, a marqué de son sceau.
 Jean 6:27 

 Or, pour ce qui est de ce jour-là et de l'heure, personne ne le sait, 
ni les anges des cieux, ni le Fils, mais le Père seul.
Matthieu 24:36

Veillez donc, puisque vous ne savez ni le jour, ni l'heure.
Matthieu 25:13 







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